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« Le numérique, c’est l’imprimerie de notre époque », illumine-t-il d’emblée. Comment en faire le support d’un prochain siècle des Lumières ? La toile, pour l’heure, se déploie sur un modèle libéral et libertaire, né des États-Unis, ou bien autocratique, « à la chinoise ». Et il le déplore : « On ne construit pas notre propre modèle humaniste du numérique », qui serait non seulement « souverain » des multinationales, mais aussi « citoyen » et démocratique, et enfin, « éthique ».
- Dominique Pon, directeur de clinique à Toulouse, et responsable du « numérique en santé » au ministère des Solidarités
"Aucun humain n’est capable de comprendre ce qu’il se passe derrière les écrans : chaque jour, 82,2 ans de vidéo sont téléchargés sur YouTube ; 500 millions de tweets sont échangés, l’équivalent d’un livre de 10 millions de pages ! En 2014 déjà, l’écrivain a passé une semaine sur un porte-conteneur… Et ce qui l’a le plus frappé, c’était de constater combien chaque décision était prise par la technologie. Du grutier au capitaine, chacun recevait des instructions via des algorithmes de gestion, acceptés et respectés sans conteste par des professionnels compétents, quand bien même ces décisions ne se motivaient d’aucune explication. Ainsi, explique-t-il, le capitaine du bateau recevait régulièrement des courriels automatisés lui demandant de ralentir le navire, sans que la compagnie maritime lui en explique la raison. Comme si nous avions déjà lâché prise sur la motivation des décisions et l’explicabilité du monde…"
"Qu’importe, tant qu’il y a de la nourriture et des vêtements dans les magasins, de l’argent dans les distributeurs, des histoires sur notre Instagram…"
"Tout semble désormais se faire tout seul, sans avoir besoin de s’en inquiéter ! Pourtant, ces systèmes complexes peuvent tomber en panne. 2020 par exemple, a permis de constater combien les chaînes d’approvisionnement pouvaient être sous pression, entraînant leurs lots de pénuries."
Ce livre a tout simplement l'envergure d'une borne. Il faut y passer. Et puis découvrir à la toute fin que cet article d'une aussi grande qualité est d'Hicham Afeissa me comble d'aise. Son père était professeur de français dans notre collège de Fontaine Bled. #RSPCT
"[...] indignation surtout des jeunes gens - grands consommateurs du numérique - qui doivent réaliser que « la conformité induite par la dépendance n’est pas un contrat social » et qu’« une ruche sans issue n’est pas une maison », que « l’expérience sans le refuge n’est qu’une ombre », et qu’« une vie qui ne peut se vivre que cachée n’est pas une vie »."
Fais gaffe camarade, ce texte à é2 ans. Mais tout y est tellement prémonitoire de la catastrophe qui vient... Même le prix est en francs !
Gilles Châtelet. Vivre et penser comme des porcs. Exils, 152 pp., 90 F
Marie-Chantal, ses potes et sa popote.
« Nous vivons dans un monde plutôt désagréable, où non seulement les gens, mais les pouvoirs établis ont intérêt à nous communiquer des affects tristes. La tristesse, les affects tristes sont tous ceux qui diminuent notre puissance d’agir. Les pouvoirs établis ont besoin de nos tristesses pour faire de nous des esclaves. Le tyran, le prêtre, les preneurs d’âmes, ont besoin de nous persuader que la vie est dure et lourde. Les pouvoirs ont moins besoin de nous réprimer que de nous angoisser, ou, comme dit Virilio, d’administrer et d’organiser nos petites terreurs intimes. La longue plainte universelle qu’est la vie … On a beau dire « dansons », on est pas bien gai. On a beau dire « quel malheur la mort », il aurait fallu vivre pour avoir quelque chose à perdre. Les malades, de l’âme autant que du corps, ne nous lâcheront pas, vampires, tant qu’ils ne nous auront pas communiqué leur névrose et leur angoisse, leur castration bien-aimée, le ressentiment contre la vie, l’immonde contagion. Tout est affaire de sang. Ce n’est pas facile d’être un homme libre : fuir la peste, organiser les rencontres, augmenter la puissance d’agir, s’affecter de joie, multiplier les affects qui expriment un maximum d’affirmation. Faire du corps une puissance qui ne se réduit pas à l’organisme, faire de la pensée une puissance qui ne se réduit pas à la conscience. »
Gilles Deleuze
Dialogues avec Claire Parnet
Paris, éditions Flammarion, 1977
J'étais passé à côté de ce texte des amies de la Ferblanterie.
Avanti popolo !
Voilà qu'il faudrait inviter tous les jardiniers qui ont des idées sur le monde...
" Mais Pierre Rabhi, s’il disserte sur tout, n’est en fait spécialiste de rien. Pour tout dire, Pierre Rabhi n’est même pas agriculteur : il n’a jamais vécu de sa production – il vit plutôt de ses livres et de ses conférences -, et ne possède aucun diplôme en agronomie. Tout au plus Pierre Rabhi est-il en quelque sorte un jardinier, avec beaucoup d’idées sur le monde."
"La notion d’ « Internet-centrisme » est très parlante, mais elle a pour inconvénient de rassembler dans une même catégorie critique des acteurs aussi différents que Google, Apple, Microsoft, Red Hat, Kim Dotcom, les Anonymous, les militants du logiciel libre, les créateurs des Creative Commons ou les contributeurs à Wikipédia. En s’opposant, à juste titre, à la mythification de « l’Internet », Morozov en vient parfois à considérer ses opposants comme s’ils formaient un camp unifié. Ce n’est pourtant pas le cas. "