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Macka-B pose ici un flow antimilitariste de première qualité. Dans son titre « Another soldier », il vient notamment dénoncer le rôle joué par les «soi-disant leaders» qui, «tout en mangeant du caviar et buvant du champagne», envoient la chair à canon se faire abattre en première ligne.
Objecteur de conscience un jour, objecteur de conscience toujours !
Norman Ajari
paru dans lundimatin#461, le 31 janvier 2025
extrait
[Comme le résume Land,] si les néoréactionnaires prennent acte du fait que l’État ne peut pas être simplement aboli, ils considèrent qu’il peut certainement être purifié de la démocratie. Ainsi se préservera-t-on de l’inintelligence du demos. « La démocratie consume le progrès. Considérée du point de vue des Lumières obscures, le type d’analyse approprié à l’étude du phénomène démocratique est la parasitologie générale [8]. » Land encourage un changement de perspective sur la réalité politique : l’État n’appartient pas aux citoyens, il appartient effectivement aux gouvernants qui le pilotent et aux capitalistes qui sponsorisent ces derniers. L’objectif sera donc de mener cette logique à son terme, en se gardant de tout faux-semblant démocratique, et de s’acheminer vers une privatisation absolue et intégrale de chaque fonction de l’État. Idéalement, le pouvoir ne saurait échoir à quelque représentant du peuple, mais seulement au meilleur CEO .
À l’ère des monnaies privées (les crypto), des compagnies militaires privées, des forces de police privées, des agences spatiales privées, une telle perspective inspirée des fictions spéculatives cyberpunk n’a jamais paru si réaliste, pour ne pas dire si évidente. Mais pour y parvenir, il est indispensable de faire prospérer un nouveau type de récit quant au rôle de l’État et du gouvernement.
Même les connards aiment leurs chiens. Trouvez un moyen de vous rapprocher de ceux avec qui vous n'êtes pas d'accord. « L'erreur évidente de ceux qui se retrouvent dans l'opposition est de rompre les relations avec ceux qui ne sont pas d'accord avec vous », explique Vera Krichevskaya, cofondatrice de TV Rain, la dernière chaîne de télévision indépendante de Russie. Vous ne pouvez pas vous laisser aller à la colère et réduire votre cercle.
Et on découvre régulièrement que les machines
autonomes ne le sont en fait pas.
On apprend par exemple que la voiture autonome
nécessite une supervision humaine à distance [Le New
York Times évalue la supervision nécessaire à 1,5 humain
par véhicule autonome – ndlr] ou que les magasins
automatiques Amazon où on ne passait pas à la caisse
étaient gérés par un millier de travailleurs indiens sous-
payés, qui devaient manuellement « flaguer » les achats
des clients à travers des caméras de surveillance. Il faut
davantage d’êtres humains pour gérer l’illusion de
l’intelligence et de la machine autonome. Cela illustre
bien l’inutilité massive de ce système.
Que dire d'autre que DÉSARMONS LES !!!
( Et évitez de me rappeler que je vis dans un monde de Bisounours, qu'en face les bandits, les dealers et autres déviants eux seront toujours armés, ça ne tient pas la route. On peut en causer.)
[...] se rebeller en grand pour remplacer l’Etat et le gouvernement par des fédérations de mini territoires en démocratie directe est nécessaire, et va avec la sortie du capitalisme et de tout régime productiviste d’accumulation de puissance et de pouvoir.
Au lieu de vouloir réformer l’Etat (ou le technocapitalisme) ou d’espérer le confier à de « meilleures mains », l’abolir et faire tout autre chose.
Ça devrait être la base de tout projet de rupture sérieux du côté de la gauche.
En voilà du cadre, et de la méthode.
2024 s’achève. On sait de quelle façon, politiquement : épargnons-nous tout triste récapitulatif. Mais cette année marque aussi les dix ans d’existence de notre revue. Fondée, notamment, autour d’une lettre du prisonnier Auguste Blanqui — « Chaque nuance, chaque école a sa mission à remplir, sa partie à jouer dans le grand drame révolutionnaire, et si cette multiplicité des systèmes vous semblait funeste, vous méconnaîtriez la plus irrécusable des vérités : "La lumière ne jaillit que de la discussion" » —, Ballast s’est employée, tout ce temps et bénévolement, à discuter avec les différentes voix, nationales et internationales, de l’émancipation sociale. Notre vœu : entre histoire longue et actualité, entretiens et reportages, articles et témoignages, théorie et sensible (en bref, sur tous les tons), offrir, aux côtés de tant d’autres médias amis, de quoi réfléchir à l’abolition du régime légal de l’injustice. On peut dire, une décennie passée, que tout reste à faire. Parmi les articles publiés en cette année 2024 (certains d’entre eux s’écoutant également), nous en sélectionnons douze.
Graphique et propos appuyés d'une simplicité réconfortante !!
Qui tient la carte tient le territoire ; encore que je préfère la confrontation par d'autres moyens ;))
De quoi parlons-nous ? Sur quels chiffres s'appuient la droite et les macronistes pour imposer ce narratif ?
Qui est-ce qui fait la vaisselle ? Pourquoi ? Comment ?
Quels sont leurs réseaux ?
Retour sur la vie brève et tragique de Zayar Thaw, jeune star du rap birman devenu député aux côtés d'Aung San Suu Kyi, puis exécuté par la junte birmane en 2022.
"L’accent est ici mis avant tout sur des relations d’entraide et de compagnonnage (entre autres de pair-à-pair et par le biais de nombreux accueils d’artistes en résidence)."
C'est tout nous ça.
Foxconn avait décidé de confiner le site avec les ouvriers à l’intérieur. Mais des centaines de travailleurs paniqués avaient ensuite pris la fuite à pied. Le groupe taïwanais est le plus grand employeur du secteur privé en Chine, avec plus d’un million d’employés à travers le pays dans une trentaine d’usines et d’instituts de recherche.
Que dire, que dalle :(
Une première émission qui parle de porcherie industrielle.
On a parfois peur de créer un monstre, une vitrine écologique pour les métropoles. On a peur qu’un outil stratégique, la ZEC, devienne une réalité politique confortable qui nous distancie des luttes d’ailleurs. On a aussi peur de ne plus s’adresser qu’à des élites et de s’éloigner de nos camarades de toujours, de tomber amoureu·ses du pouvoir que nous donne le regard bienveillant des intellectuel· les qui nous soutiennent et de se rêver politicien·nes.
Préhistoire !
Le concept même de logiciel n’est pas évident. Comme le rappelait Marion Créhange, la première titulaire d’un doctorat en informatique en France, la manière d’influencer le comportement des premiers ordinateurs était de changer le branchement des câbles. Un programme était littéralement un plan de câblage qui nécessitait de s’arracher les mains sur des fils.
Simple, basic, Unix !
Dans ses réflexions, Thompson n’a qu’un mot à la bouche : « simplicité ». C’est d’ailleurs lui qui va pousser Ritchie à ce que le langage « C » s’appelle ainsi. Une lettre, c’est simple, efficace. Cette idée de simplicité sous-tend toute l’architecture d’Unix : plutôt que de faire un énorme système hyper complexe qui fait tout, on va faire des petits programmes et leur permettre de s’utiliser l’un l’autre. L’idée est révolutionnaire : un programme peut utiliser un autre pour obtenir une fonctionnalité. Arrive même l’idée du « pipe » qui permet à l’utilisateur de construire ses propres chaines de programmes. Cela semble évident aujourd’hui, mais c’est un progrès énorme à une époque où les concepteurs de systèmes d’exploitation tentent de faire un énorme programme capable de tout faire en même temps. Cette simplicité est d’ailleurs encore aujourd’hui ce qui fait la puissance des systèmes inspirés d’Unix. C’est également ce qui va permettre une vague de collaboration sans précédent : chaque individu peut désormais créer un petit outil qui va accroitre exponentiellement les capacités du système global.
Globalization & Corporation, ton univers impitoyable.
En 1980, un changement politique se fait en occident avec l’élection de Margaret Thatcher au Royaume-Uni et de Ronald Reagan aux États-Unis. Leur doctrine pourrait se résumer en « faire passer les intérêts des entreprises avant ceux des individus ». La recherche, la collaboration, le partage et l’empathie sont devenus des obstacles sur la route de la recherche de profit. Plusieurs grandes mesures vont voir le jour et avoir une importance extrêmement importante, tant sur l’industrie du logiciel que sur notre avenir.
Les concepts de collaboration et de bien-commun sont eux immolés sur l’autel de l’anticommunisme. Faire du profit à tout prix devient un devoir patriotique pour lutter contre le communisme. Cela a tellement bien fonctionné que malgré l’écroulement total du communisme, le concept du bien commun est rayé du vocabulaire. Plus de 30 ans après la chute du mur de Berlin, les gouvernements et les institutions publiques comme les universités doivent encore justifier leurs choix et leurs investissements en termes de rentabilités et de profits futurs.
À propos de la licence du logiciel (propriétaire) :
Grâce à la propriété intellectuelle, le logiciel reste la propriété du fournisseur. On n’achète plus un bien, on achète le droit de l’utiliser dans un cadre strictement défini.
À contrario (ou pas), un des 4 piliers du logiciel libre se découpe, en silhouette :
Notons que cette innovation commerciale (la licence) découle en droite ligne de l’importance morale accordée aux profits. Si l’utilisateur ne peut plus acheter, stocker, réparer et réutiliser un bien, il doit payer à chaque utilisation. L’utilisateur est clairement perdant par rapport au cas d’usage où il achèterait le logiciel comme un bien dont il peut disposer à sa guise.
Les hackers ont du cœur :
Pour perpétuer l’esprit UNIX initial, cet esprit frondeur et hacker, l’université de Berkeley met au point la licence BSD. Cette licence dit, en substance, que vous pouvez faire ce que vous voulez avec le logiciel, y compris le modifier et le revendre, à condition de citer les auteurs.
Richard Stallman et l'imprimante :
Ni une ni deux, RMS démissionne du MIT, où il gardera néanmoins un bureau, pour lancer la Free Software Foundation, la fondation pour le logiciel libre. Son idée est simple : l’industrie vient de confisquer aux informaticiens la liberté de faire tourner les logiciels de leur choix. Il faut récupérer cette liberté.
Il théorise alors les quatre grandes libertés du logiciel libre :
Le droit d’utiliser un logiciel pour n’importe quel usage
Le droit d’étudier un logiciel pour le comprendre
Le droit de modifier un logiciel
Le droit de partager un logiciel et/ou ses modifications
Aujourd’hui, on considère « libre » un logiciel qui permet ces quatre libertés.
Paranoïd ou extra-lucide ?
Si vous utilisez un logiciel propriétaire, vous ne savez pas ce qu’il fait de vos données, que ce soit de données scientifiques, des données personnelles, des documents dans le cadre du travail, des courriers. Un logiciel propriétaire pourrait même envoyer vos données privées aux concepteurs sans votre consentement. L’idée paraissait, à l’époque, issue du cerveau d’un paranoïaque.
En guise de conclusion :
Les pouvoirs publics et les réseaux éducatifs se sont, le plus souvent, laissé prendre au mensonge qu’utiliser les nouvelles technologies était une bonne chose. Que les enfants étaient, de cette manière, éduqués à l’informatique.
Utiliser un smartphone ou une tablette éduque autant à l’informatique que le fait de prendre un taxi éduque à la mécanique et la thermodynamique. Une personne peut faire des milliers de kilomètres en taxi sans jamais avoir la moindre notion de ce qu’est un moteur. Voyager avec Ryanair ne fera jamais de vous un pilote ni un expert en aérodynamique.
L’informatique est devenue une infrastructure humaine trop importante pour être laissée aux mains de quelques monopoles commerciaux. Et la seule manière de leur résister est de tenter de minimiser leur impact sur nos vies. En refusant au maximum d’utiliser leurs solutions. En cherchant des alternatives. En contribuant à leur création. En tentant de comprendre ce que font réellement ces solutions « magiques », avec nos ordinateurs, nos données et nos esprits.
Le logiciel libre et l’open source sont la seule solution que j’envisage pour que les ordinateurs soient des outils au service de l’humain. Il y a 20 ans, les idées de Richard Stallman me semblaient extrémistes. Force est de constater qu’il avait raison. Les logiciels propriétaires ont été essentiellement utilisés pour transformer les utilisateurs en esclaves des ordinateurs. L’ordinateur n’est alors plus un outil, mais un moyen de contrôle.La responsabilité en incombe à tous les militants, qu’ils soient écologistes, gauchistes, anticapitalistes, socialistes, voire même tout simplement locaux. On ne peut pas militer pour l’écologie et la justice sociale tout en favorisant les intérêts des plus grandes entreprises du monde. On ne peut pas militer pour le local en délocalisant sa propre voix à l’autre bout du monde. La responsabilité en incombe à tous les politiques qui ont cédé le contrôle de pays, de continents entiers à quelques entreprises, sous prétexte de gagner quelques voix lors de la prochaine élection.
Agronome
Ethnologue
Tiers-mondiste
Ingérable
Adorateur de la sieste
Un modèle en somme !
Le néolibéralisme est une proposition autrement subtile dans laquelle le capital ne parvient pas à ses fins contre l’État mais par ses voies mêmes. La société est mise à disposition par l’État qui s’est mis à disposition. Et dans la porcherie, ça jouit très fort.
[...] la logomachie est une seconde nature pour les chaussures pointues qui sortent de Sciences Po ou de HEC. Or il y a un projet : faire de nous des sujets de la Firme.
GRUÏK GRUÏK, PORCHERIE comme chantait Béru, pouah !
Texte impeccable de Frédéric Lordon : en bouche, frugalité des vocables pour explosion des sens.
Tout ce que l’on peut dire du progrès techno-scientifique, c’est qu’il accroît la puissance des
technocrates sur le monde et sur ses habitants. Tout ce que l’on peut dire de cette puissance,
c’est qu’elle est ambivalente (ceci et cela), et non pas neutre (ni ci, ni ça). Mais dans tous les
cas, les « bons usages » sont inséparables des « mauvais ». De même que sont inséparables
leurs causes (bonnes et mauvaises), et leurs effets (bons et mauvais). De sorte que seule
s’accroît la puissance technocratique et ses effets, maléfiques et bénéfiques. Ainsi le feu
nucléaire sert aussi bien à chauffer les populations qu’à les exterminer. Tout comme le feu
de bois. En apparence, seule l’échelle a changé, mais de ce changement d’échelle découle
un changement social. La technologie nucléaire est si périlleuse et complexe, que les maîtres
du feu nucléaire (la technocratie dirigeante) se sont assurés la domination perpétuelle de la
société parvenue au stade de l’unification planétaire. Eux et leurs pareils de la chimie, de la
génétique, de la cybernétique, etc., qui partagent d’ailleurs une commune conscience de
classe.
Toujours et encore subjugué par la clarté du discours. Les mots justes, là où la pensée doit être éclairée.